FAIRE VIVRE
Ils étaient quelques-uns qui vivaient dans la nuit
En rêvant du ciel caressant
Ils étaient quelques-uns qui aimaient la forêt
Et qui croyaient au bois brûlant
L’odeur des fleurs les ravissait même de loin
La nudité de leurs désirs les recouvrait
Ils joignaient dans leur coeur le souffle mesuré
A ce rien d’ambition de la vie naturelle
Qui grandit dans l’été comme un été plus fort
Ils joignaient dans leur coeur l’espoir du temps qui vient
Et qui salue même de loin un autre temps
A des amours plus obstinées que le désert
Un tout petit peu de sommeil
Les rendait au soleil futur
Ils duraient ils savaient que vivre perpétue
Et leurs besoins obscurs engendraient la clarté
Ils n’étaient que quelques-uns
Ils furent foule soudain
Ceci est de tous les temps.
§
Erano pochi uomini che vivevano nella notte
Sognando del cielo materno
Erano pochi uomini che amavano la selva
Credendo al legno ardente
Fin da lontano beati al profumo dei fiori
La nudità dei desideri li velava
Il respiro ritmato univano nel cuore
All’ambizione minima di vita naturale
Che nell’estate cresce come estate più forte
Alla speranza del tempo venturo
E che pur da lontano altro tempo saluta
Univano nel cuore
Amori più ostinati del deserto
Pochissimo sonno bastava
Per renderli al sole futuro
Duravano sapevano che vivere fa eterni
Dal buio dei sogni generavano luce
Erano pochi uomini
Furono folla a un tratto
Sempre è stato così.
PAUL ÉLUARD
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