Mozart m’accompagnait.
Je parlais aux pivoines.
Les scarabées me racontaient leurs aventures dans l’au-delà.
Je relisais
Rilke et
Rimbaud.
En mon honneur, une colline organisait
la fonte de sa neige.
Il faisait frais dans l’âme comme au bord d’un ruisseau.
Je perdais l’habitude de protester contre la vie.
Une jument cherchait peut-être un dieu.
L’azur était docile
sous mes doigts nonchalants.
Je me trouvais durable, d’imiter le caillou, les frondaisons, l’écorce.
Pour moi la rue mettait sa robe de gala,
et j’en étais heureux.
Mon poème essuyait, sans que je l’en supplie, une à une ses larmes.
Mozart ne boudait plus.
J’oubliais ma vieillesse.
§
Mozart mi accompagnava. Parlavo alle peonie.
Gli scarabei mi raccontavano le loro avventure nell’aldilà.
Rileggevo Rilke e Rimbaud.
In mio onore una collina organizzava
il disgelo della sua neve. Faceva freddo nell’anima
come sulla riva di un ruscello. Perdevo l’abitudine
di protestare contro la vita. Una giumenta
cercava forse un dio. L’azzurro era mansueto
sotto le mie dita disinvolte. Ero duraturo,
imitavo il ciottolo, il fogliame, la corteccia.
Per me la strada si metteva il suo abito di gala,
e ne ero felice. La mia poesia si asciugava,
senza che la supplicassi, una a una le sue lacrime.
Mozart non aveva più il broncio. Io dimenticavo la mia vecchiaia.
ALAIN BOSQUET