
LES SÉPARÉES
N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon coeur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas !
N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu’à Dieu… qu’à toi, si je t’aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais.
N’écris pas !
N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas !
N’écris pas ces doux mots que je n’ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon coeur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon coeur.
N’écris pas !
§
Non scrivere. Sono triste, e vorrei spegnermi
Le belle estati senza di te, sono come una notte senza una luce
Ho richiuso le mie braccia, non possono raggiungerti,
e bussare al mio cuore è come bussare su una tomba.
Non scrivere!
Non scrivere. Impariamo a morire per noi stessi.
Non chiedo che a Dio, che a te, se ti amavo!
Nel profondo della tua assenza, ascoltare che tu mi ami
è comprendere il cielo senza mai salirci.
Non scrivere!
Non scrivere. Ho paura di te, ho paura della mia memoria:
ha conservato la tua voce che spesso mi chiama.
Non mostrare la acque di fonte a chi non la può bere.
Una cara scrittura è un ritratto vivente.
Non scrivere!
Non scrivere quelle dolci parole che non oso più leggere:
sembra che la tua voce le versi sul mio cuore;
che le veda bruciare attraverso il tuo sorriso;
sembra che un bacio le imprima sul mio cuore.
Non scrivere!
MARCELINE DESBORDES-VALMORE