Ma tu, quando verrai?

MAIS TOI, QUAND VIENDRAS-TU?

Mais Toi, quand viendras-tu ?
Un jour, étendant Ta main
Sur le quartier où j’habite,
Au moment mûr où je désespère vraiment ;
Dans une seconde de tonnerre,
M’arrachant avec terreur et souveraineté
De mon corps et du corps croûteux
De mes pensées-images, ridicule univers ;
Lâchant en moi ton épouvantable sonde,
L’effroyable fraiseuse de Ta présence,
Elevant en un instant sur ma diarrhée
Ta droite et insurmontable cathédrale ;
Me projetant non comme homme
Mais comme obus dans la voie verticale,
Tu viendras.

Tu viendras, si tu existes,
Appâté par mon gâchis,
Mon odieuse autonomie ;
Sortant de l’Ether, de n’importe où, de dessous
Mon moi bouleversé peut-être ;
Jetant mon allumette dans Ta démesure,
Et adieu, Michaux.

Ou bien, quoi ?
Jamais ? non ?
Dis ; Gros lot, où veux-tu donc tomber ?

§

Ma Tu quando verrai?
Un giorno stendendo la mano
Sul quartiere dove abito,
Al tempo maturo che non spero più davvero;
Nell’attimo d’un tuono
Strappandomi con terrore e imperio
Dal mio corpo e dal corpo pien di croste
Dei miei pensieri-immagini, ridicolo universo;
Affondando in me la tua sonda spaventosa,
Il trapano temibile della Tua presenza,
Elevando d’un colpo sul mio fango
La Tua dritta cattedrale insormontabile;
Proiettandomi non uomo,
Obice, obice nella verticale,
Verrai, Verrai, se esisti,
Adescato dal mio imbroglio,
La mia odiosa autonomia;
Uscendo dall’Etere, da dove non importa, da sotto il mio
io sconvolto, forse;
Gettando il mio fiammifero nella Tua dismisura,
E addio, Michaux.
Se no che cosa? Nulla? Mai?
Dimmi, tu che sei la Grande Posta, dove vuoi dunque finire?

HENRI MICHAUX

Published in: on ottobre 12, 2018 at 07:31  Comments (1)  

La mia vita

MA VIE

Tu t’en vas sans moi, ma vie.
Tu roules.
Et moi j’attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t’ai jamais suivie.
Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes.
A cause de ce manque, j’aspire à tant.
A tant de choses, à presque l’infini…
A cause de ce peu qui manque, que jamais tu n’apportes.

§

Tu vai, senza me, mia vita.
Tu scorri,
e io nemmeno ho fatto un passo.
Tu volgi altrove la battaglia
così mi diserti.
Io non t’ho mai seguito.

Non vedo chiaro nelle tue offerte
quel poco che vorrei tu non lo porti mai.
Per questa mancanza io aspiro a tanto
a così tante cose quasi all’infinito…
Per quel poco che manca e tu non porti mai.

HENRI MICHAUX

Published in: on gennaio 13, 2014 at 06:57  Comments (3)