MAIS TOI, QUAND VIENDRAS-TU?
Mais Toi, quand viendras-tu ?
Un jour, étendant Ta main
Sur le quartier où j’habite,
Au moment mûr où je désespère vraiment ;
Dans une seconde de tonnerre,
M’arrachant avec terreur et souveraineté
De mon corps et du corps croûteux
De mes pensées-images, ridicule univers ;
Lâchant en moi ton épouvantable sonde,
L’effroyable fraiseuse de Ta présence,
Elevant en un instant sur ma diarrhée
Ta droite et insurmontable cathédrale ;
Me projetant non comme homme
Mais comme obus dans la voie verticale,
Tu viendras.
Tu viendras, si tu existes,
Appâté par mon gâchis,
Mon odieuse autonomie ;
Sortant de l’Ether, de n’importe où, de dessous
Mon moi bouleversé peut-être ;
Jetant mon allumette dans Ta démesure,
Et adieu, Michaux.
Ou bien, quoi ?
Jamais ? non ?
Dis ; Gros lot, où veux-tu donc tomber ?
§
Ma Tu quando verrai?
Un giorno stendendo la mano
Sul quartiere dove abito,
Al tempo maturo che non spero più davvero;
Nell’attimo d’un tuono
Strappandomi con terrore e imperio
Dal mio corpo e dal corpo pien di croste
Dei miei pensieri-immagini, ridicolo universo;
Affondando in me la tua sonda spaventosa,
Il trapano temibile della Tua presenza,
Elevando d’un colpo sul mio fango
La Tua dritta cattedrale insormontabile;
Proiettandomi non uomo,
Obice, obice nella verticale,
Verrai, Verrai, se esisti,
Adescato dal mio imbroglio,
La mia odiosa autonomia;
Uscendo dall’Etere, da dove non importa, da sotto il mio
io sconvolto, forse;
Gettando il mio fiammifero nella Tua dismisura,
E addio, Michaux.
Se no che cosa? Nulla? Mai?
Dimmi, tu che sei la Grande Posta, dove vuoi dunque finire?
HENRI MICHAUX